Le Crépuscule d'une ère, partie une
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Le Crépuscule d'une ère, partie une
[Ce texte avait à l'origine été écrit pour l'Empreinte du Craqueleur, et je vous en porte connaissance ici, grâce à Tuk, qui m'a aimablement rouvert les accès qui y menaient.]
Courir… Je dois courir pour vivre. Si je m’arrête, je suis mort…
Et je dois encore accélérer… Nos ennemis semblent infatigables, mais l’éreintement de nos jambes nous suggère clairement que ce n’est pas notre cas.
Une ruelle… Son nom ? Peu importe.
D’un bref mouvement du bras j’indique aux quelques membres de mon équipe encore en vie la direction à suivre, en faisant bien attention à ne pas glisser sur le dallage de la cité Astrubienne. Il ne pleut jamais en Amakna, sauf lors des grandes batailles…
Mais quelle bataille ? Nous avons été décimés, saignés comme des gorets, massacrés sans avoir pu riposter. Si seulement ces imbéciles n’avaient pas suivi leurs instincts primitifs, ils seraient encore en vie…
Quelques heures auparavant, nous avons reçu par tofu interposé un message nous prévenant de l’attaque de l’ensemble de nos percepteurs dans la forêt d’Astrub, message auquel nous avons réagi en nous mettant tous sur le pied de guerre. Nul ne devait s’opposer à nous !
Il faut vraiment que nous ayons été les derniers des bworks pour nous précipiter comme ceci au-devant d’un danger inconnu…
Une cacophonie de claquements de bottes et de clapotis aquatiques résonnait à mes oreilles, rendant plus oppressante encore l’atmosphère. Où étaient-ils ? Ne sommes-nous pas déjà passés par ici ?
Si. Le cadavre de Mathias, toujours embroché sur un épieu que lui avait lancé une Iopette furieuse. Mais n’y a-t-il donc pas de secours à attendre ici ?
En parlant de secours… C’est en allant en porter à nos amis centaures que nous avons déclenché ce qui allait entraîner notre perte.
Nous allions d’un pas lourd, sous une haute voûte sylvestre encore éclairée par le soleil, au point où se trouvaient nos amis à 4 pattes, assoiffés de combats et prêts à écraser tout ce qui se trouverait sur notre passage.
Arrivés au lieu dit, nous avons pu apercevoir clairement une mise à mort digne d’un sacrifice à un dieu : immobilisé magiquement, percé de flèches et roué de coups de bâtons, notre percepteur ne pût même pas se défendre lorsque sa gorge fut tranchée par une Sramette aussi jolie que cruelle.
Un grand cri à côté de moi. Je ne me retourne pas pour voir qui s’est fait faucher cette fois-ci, si nous nous arrêtons nous sommes morts.
Quelque horrifiés que nous avions été par la transformation de ce qui était notre cheptel centaurien en étal de boucherie chevaline, nous n’avons pas eu la sagesse d’en rester là et de considérer un plan subtil. Bien au contraire, nous sommes tous sortis des bois en hurlant nos insultes, répandant notre fiel et réclamant vengeance. Un grand silence accueillit notre sortie, seulement troublé par les râles d’agonie de ceux qui avaient été nos compagnons à quatre pattes.
Je les ai remarqués de suite, les détails qui ne trompaient pas, mais eux… Cette bande de larves sans cervelle ne pensait qu’à se battre. Que n’ai-je tourné les talons à ce moment-là !
Ils se tenaient de face, droits et fiers. J’identifiais en quelques secondes leurs armes, et conclus très vite que le combat allait être rude, voire suicidaire.
Le vent soufflait dans la clairière, séparant deux groupes que tout opposait, l’un clairsemé et calme, l’autre grouillant et en rage, et c’est à ce moment-là que leurs rangs se rompirent pour laisser passer un Féca et une Eniripsa, visiblement chargés du dialogue.
Leur pas, à la fois gracieux et ferme, les amena rapidement devant notre horde, et c’est là que l’enfer commença.
Derrière nous retentit le sifflement caractéristique d’une corde d’arc, et le zonzon d’une flèche déstabilisée par un poids quelconque. Par de la poix, même. Une flèche explosive !
Au moment de me jeter à terre, je remarque un peu devant nous quelques pics dissimilés à même le sol, visiblement présents depuis peu de temps, sûrement laissés ici à notre premier passage par nos poursuivants. Je retiens alors mon réflexe et hurle : « Ne plongez surtout pas, c’est un piège ! ». C’était trop tard pour deux d’entre nous, qui hurlèrent de terreur en voyant les piques grossir dans leur champ de vision.
Celles-ci n’étaient pas bien grands, mais en quantité suffisante pour tuer quelqu’un qui se jetterait dessus.
Seule Lana n’a pas sauté, mais ce n’est pas ma femme pour rien.
Un piège. Un de plus.
Deux morts. Deux de plus.
Quand ceci va-t-il s’arrêter ? Quand nous les aurons tous rejoint, je pense…
Ils semblaient ne pas être dotés d’intentions hostiles. Semblaient, car je n’ai pas eu le temps de m’en assurer qu’ils étaient déjà sur eux, armes dégainées. Ils eurent le temps de trancher une aile de l’Eniripsa et d’entailler la jambe du Feca avant que ceux-ci ne disparaissent dans un tourbillon d’étincelles.
A peine avais-je pu comprendre qu’ils s’étaient téléportés en arrière et qu’une riposte douloureuse allait suivre que la scène pris une tournure surréaliste.
Mes soupçons sont confirmés, c’était uniquement un piège, puisque la flèche a atterri volontairement à côté des piques, transformant en lambeaux de chair mes pauvres compagnons. Je lis un début de panique dans les yeux de ma bien aimée, et je sers un peu plus fort sa main pour la rassurer, malgré mon effroi devant la détermination de nos ennemis.
Aussi fou que cela puisse paraître, quatre d’entre eux étaient en train de charger notre petite armée, pendant que les autres bandaient leurs arcs ou bien soignaient les deux blessés.
Tout en les couvrant de quolibets et d’insultes, nos propres guerriers se mirent à foncer, avec tout de même un peu moins de classe que leurs adversaires, avant de recevoir une pluie de flèches qui, si elle était clairsemée, était étonnamment douloureuse.
Pris par surprise, nos première lignes hésitèrent et commencèrent à refluer afin de se mettre à l’abri de ce flot rageur qui ne tarderait pas tôt ou tard à tous les emporter dans la tombe.
Cette hésitation signa leur perte lorsque les quatre courageux guerriers les rejoignirent alors qu’ils leur offraient leurs dos vulnérables. Ce fût un vrai carnage.
Là encore j’aurais pu fuir… Suis-je aussi bête qu’eux pour n’avoir pas su me détacher quand il le fallait ?
D’autres cadavres. Kyram, dont le cou pendouille encore, à moitié tranché seulement par la flèche rageuse qui lui avait été décochée. Jueva, qui avait l’air en pleine forme, mais dont les os avaient été rompus à mort par un Féca déchaîné. D’autres. Pas le temps de les identifier.
La Iopette enfonça nos lignes comme un couteau s’enfoncerait dans le beurre, et avec le même effet. En quelques minutes, elle avait étendu une douzaine des notre, à elle seule.
Deux grand Fécas, un homme et une femme, protégeaient l’avancée de leur groupe, et ont commencé à briser nos ailes avec des bâtons d’apparence fort peu engageante.
La Sramette, quant à elle, s’était dissimulée une fois arrivée au milieu de la charge, et nous n’avons compris ce qu’elle faisait quelques minutes après, lorsque nous avons retrouvé nos médecins égorgés.
Derrière, leurs propres Eniripsas, bien à l’abri eux, soignaient à tour de bras leurs coéquipiers. Je suis d’ailleurs resté bouchée bée en constatant que leurs diplomates avaient déjà récupéré de leurs blessures et avançaient avec leurs compagnons restés derrière, qui observaient tranquillement le combat ou se préparaient à le rejoindre, à l’image de ce disciple de Crâ, qui était occupé à enduire ses flèches de poix inflammable.
Et nous qui pensions avoir une chance…
Ce fût très vite la débâcle, chez nous, bien sûr. Entre rejoindre leurs amis dans les ténèbres glacées de la mort et adopter un comportement excessivement lâche, le choix fût vite fait, et ce ne fut pas le plus glorieux.
En quelques instants, la plaine se retrouva vidée de nos combattants, qui se révélèrent aussi prompts à se jeter aveuglément dans le tas qu’à retirer leurs armures pour courir plus vite. A ce propos, les plus lourdes des armures, en tombant sur le sol, achevèrent la plupart des agonisants, ce qui ajoutait un petit côté sinistrement burlesque à la situation.
De rage, j’ai tiré quelques flèches à ce moment-là pour couvrir leurs arrières , avant de me décider à les rejoindre.
Mais ce qui ne devait être qu’une défaite s’est très vite changé en un véritable cauchemar…
Ma femme se raidit. Qu’est-ce-qu’il y a ?
Oh non…
Une impasse. Nous sommes fichus.
Courir… Je dois courir pour vivre. Si je m’arrête, je suis mort…
Et je dois encore accélérer… Nos ennemis semblent infatigables, mais l’éreintement de nos jambes nous suggère clairement que ce n’est pas notre cas.
Une ruelle… Son nom ? Peu importe.
D’un bref mouvement du bras j’indique aux quelques membres de mon équipe encore en vie la direction à suivre, en faisant bien attention à ne pas glisser sur le dallage de la cité Astrubienne. Il ne pleut jamais en Amakna, sauf lors des grandes batailles…
Mais quelle bataille ? Nous avons été décimés, saignés comme des gorets, massacrés sans avoir pu riposter. Si seulement ces imbéciles n’avaient pas suivi leurs instincts primitifs, ils seraient encore en vie…
Quelques heures auparavant, nous avons reçu par tofu interposé un message nous prévenant de l’attaque de l’ensemble de nos percepteurs dans la forêt d’Astrub, message auquel nous avons réagi en nous mettant tous sur le pied de guerre. Nul ne devait s’opposer à nous !
Il faut vraiment que nous ayons été les derniers des bworks pour nous précipiter comme ceci au-devant d’un danger inconnu…
Une cacophonie de claquements de bottes et de clapotis aquatiques résonnait à mes oreilles, rendant plus oppressante encore l’atmosphère. Où étaient-ils ? Ne sommes-nous pas déjà passés par ici ?
Si. Le cadavre de Mathias, toujours embroché sur un épieu que lui avait lancé une Iopette furieuse. Mais n’y a-t-il donc pas de secours à attendre ici ?
En parlant de secours… C’est en allant en porter à nos amis centaures que nous avons déclenché ce qui allait entraîner notre perte.
Nous allions d’un pas lourd, sous une haute voûte sylvestre encore éclairée par le soleil, au point où se trouvaient nos amis à 4 pattes, assoiffés de combats et prêts à écraser tout ce qui se trouverait sur notre passage.
Arrivés au lieu dit, nous avons pu apercevoir clairement une mise à mort digne d’un sacrifice à un dieu : immobilisé magiquement, percé de flèches et roué de coups de bâtons, notre percepteur ne pût même pas se défendre lorsque sa gorge fut tranchée par une Sramette aussi jolie que cruelle.
Un grand cri à côté de moi. Je ne me retourne pas pour voir qui s’est fait faucher cette fois-ci, si nous nous arrêtons nous sommes morts.
Quelque horrifiés que nous avions été par la transformation de ce qui était notre cheptel centaurien en étal de boucherie chevaline, nous n’avons pas eu la sagesse d’en rester là et de considérer un plan subtil. Bien au contraire, nous sommes tous sortis des bois en hurlant nos insultes, répandant notre fiel et réclamant vengeance. Un grand silence accueillit notre sortie, seulement troublé par les râles d’agonie de ceux qui avaient été nos compagnons à quatre pattes.
Je les ai remarqués de suite, les détails qui ne trompaient pas, mais eux… Cette bande de larves sans cervelle ne pensait qu’à se battre. Que n’ai-je tourné les talons à ce moment-là !
Ils se tenaient de face, droits et fiers. J’identifiais en quelques secondes leurs armes, et conclus très vite que le combat allait être rude, voire suicidaire.
Le vent soufflait dans la clairière, séparant deux groupes que tout opposait, l’un clairsemé et calme, l’autre grouillant et en rage, et c’est à ce moment-là que leurs rangs se rompirent pour laisser passer un Féca et une Eniripsa, visiblement chargés du dialogue.
Leur pas, à la fois gracieux et ferme, les amena rapidement devant notre horde, et c’est là que l’enfer commença.
Derrière nous retentit le sifflement caractéristique d’une corde d’arc, et le zonzon d’une flèche déstabilisée par un poids quelconque. Par de la poix, même. Une flèche explosive !
Au moment de me jeter à terre, je remarque un peu devant nous quelques pics dissimilés à même le sol, visiblement présents depuis peu de temps, sûrement laissés ici à notre premier passage par nos poursuivants. Je retiens alors mon réflexe et hurle : « Ne plongez surtout pas, c’est un piège ! ». C’était trop tard pour deux d’entre nous, qui hurlèrent de terreur en voyant les piques grossir dans leur champ de vision.
Celles-ci n’étaient pas bien grands, mais en quantité suffisante pour tuer quelqu’un qui se jetterait dessus.
Seule Lana n’a pas sauté, mais ce n’est pas ma femme pour rien.
Un piège. Un de plus.
Deux morts. Deux de plus.
Quand ceci va-t-il s’arrêter ? Quand nous les aurons tous rejoint, je pense…
Ils semblaient ne pas être dotés d’intentions hostiles. Semblaient, car je n’ai pas eu le temps de m’en assurer qu’ils étaient déjà sur eux, armes dégainées. Ils eurent le temps de trancher une aile de l’Eniripsa et d’entailler la jambe du Feca avant que ceux-ci ne disparaissent dans un tourbillon d’étincelles.
A peine avais-je pu comprendre qu’ils s’étaient téléportés en arrière et qu’une riposte douloureuse allait suivre que la scène pris une tournure surréaliste.
Mes soupçons sont confirmés, c’était uniquement un piège, puisque la flèche a atterri volontairement à côté des piques, transformant en lambeaux de chair mes pauvres compagnons. Je lis un début de panique dans les yeux de ma bien aimée, et je sers un peu plus fort sa main pour la rassurer, malgré mon effroi devant la détermination de nos ennemis.
Aussi fou que cela puisse paraître, quatre d’entre eux étaient en train de charger notre petite armée, pendant que les autres bandaient leurs arcs ou bien soignaient les deux blessés.
Tout en les couvrant de quolibets et d’insultes, nos propres guerriers se mirent à foncer, avec tout de même un peu moins de classe que leurs adversaires, avant de recevoir une pluie de flèches qui, si elle était clairsemée, était étonnamment douloureuse.
Pris par surprise, nos première lignes hésitèrent et commencèrent à refluer afin de se mettre à l’abri de ce flot rageur qui ne tarderait pas tôt ou tard à tous les emporter dans la tombe.
Cette hésitation signa leur perte lorsque les quatre courageux guerriers les rejoignirent alors qu’ils leur offraient leurs dos vulnérables. Ce fût un vrai carnage.
Là encore j’aurais pu fuir… Suis-je aussi bête qu’eux pour n’avoir pas su me détacher quand il le fallait ?
D’autres cadavres. Kyram, dont le cou pendouille encore, à moitié tranché seulement par la flèche rageuse qui lui avait été décochée. Jueva, qui avait l’air en pleine forme, mais dont les os avaient été rompus à mort par un Féca déchaîné. D’autres. Pas le temps de les identifier.
La Iopette enfonça nos lignes comme un couteau s’enfoncerait dans le beurre, et avec le même effet. En quelques minutes, elle avait étendu une douzaine des notre, à elle seule.
Deux grand Fécas, un homme et une femme, protégeaient l’avancée de leur groupe, et ont commencé à briser nos ailes avec des bâtons d’apparence fort peu engageante.
La Sramette, quant à elle, s’était dissimulée une fois arrivée au milieu de la charge, et nous n’avons compris ce qu’elle faisait quelques minutes après, lorsque nous avons retrouvé nos médecins égorgés.
Derrière, leurs propres Eniripsas, bien à l’abri eux, soignaient à tour de bras leurs coéquipiers. Je suis d’ailleurs resté bouchée bée en constatant que leurs diplomates avaient déjà récupéré de leurs blessures et avançaient avec leurs compagnons restés derrière, qui observaient tranquillement le combat ou se préparaient à le rejoindre, à l’image de ce disciple de Crâ, qui était occupé à enduire ses flèches de poix inflammable.
Et nous qui pensions avoir une chance…
Ce fût très vite la débâcle, chez nous, bien sûr. Entre rejoindre leurs amis dans les ténèbres glacées de la mort et adopter un comportement excessivement lâche, le choix fût vite fait, et ce ne fut pas le plus glorieux.
En quelques instants, la plaine se retrouva vidée de nos combattants, qui se révélèrent aussi prompts à se jeter aveuglément dans le tas qu’à retirer leurs armures pour courir plus vite. A ce propos, les plus lourdes des armures, en tombant sur le sol, achevèrent la plupart des agonisants, ce qui ajoutait un petit côté sinistrement burlesque à la situation.
De rage, j’ai tiré quelques flèches à ce moment-là pour couvrir leurs arrières , avant de me décider à les rejoindre.
Mais ce qui ne devait être qu’une défaite s’est très vite changé en un véritable cauchemar…
Ma femme se raidit. Qu’est-ce-qu’il y a ?
Oh non…
Une impasse. Nous sommes fichus.
Healar- Nombre de messages : 76
Date d'inscription : 23/10/2007
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