L'enfance d'Healar, partie deux : tristesse
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L'enfance d'Healar, partie deux : tristesse
Iarys : Noires ailes, noires nouvelles…
Ainsi s’exprimait la grande prêtresse de Rushu en cette sombre journée, après avoir reçu un message par Corbac interposé.
La guerre faisait rage, et l’ouverture du pont menant à une nouvelle île avait attisé la haine entre Bontariens et Brakmariens à son paroxysme, avec son lot d’horreurs quotidiennes, entre massacres d’innocents et saccages de territoires neutres.
Iarys : Non vraiment, c’est une sale journée… Et elle n’est pas finie…
Des nuages plus ténus, plus insidieux, parsemaient en effet les visions de la Xelorette, augurant d’une triste soirée… Son esprit ne savait plus où donner de la tête, entre tous les sujets d’insatisfaction qui se présentaient à elle.
C’est pour cela qu’elle décida de s’occuper des tâches ménagères dans son manoir de Brakmar.
« Une occupation qui ne demande pas beaucoup d’efforts intellectuels et qui empêche de se tourmenter avec d’autres sujets, et puis Healar ne saurait tarder à rentrer de l’école… », se disait-elle.
De fait, elle ne pouvait s’empêcher de ressasser ces maux qui la tourmentaient, et elle offrit un visage décomposé au jeune Eniripsa furibond qui lui ramenait sa fille adoptive en la tirant par les oreilles, visage qui tourna très vite au regard froid et furibond.
Iarys : Puis-je savoir ce qui justifie ce traitement de votre part envers ma fille, maître Kice ?
Kice : Malsoir aussi, prêtresse. Il se passe que votre fille a un comportement intolérable !
Iarys (d’un ton parfaitement froid) : Lâchez d’abord ses oreilles, espèce de monstre, et nous parlerons ensuite.
Après avoir jeté un regard noir à son interlocutrice, Kice relâcha Healar, qui se jeta dans la cape de sa mère adoptive pour y disparaître, hors de vue.
Kice : Je passerai sur ses désertions des cours d’études des soins et ses incitations à la désertion auprès des autres, ainsi que sur les bagarres qu’elle créé autour d’elle, pour mieux m’attarder sur ce qui est le plus choquant : elle a osé me frapper, moi, son professeur attitré chargé de la guider dans l’art des soins, moi qui…
Healar (voix étouffée par le tissu) : Il avait qu’à pas me gifler !
Iarys (d’une voix à faire geler la lave) : Est-ce bien vrai, maître Eniripsa ? Avez-vous frappé ma fille ?
Kice (de la voix de celui qui pense avoir raison) : Oui, et elle le méritait !
Iarys (ton cassant) : Et où ai-je signé pour vous transmettre mes droits de mère ? Je me charge de son éducation, vous n’avez pas à la frapper !
Kice : Vous n’êtes pas …
Le regard que lui adressait la Grande Prêtresse de Rushu le stoppa net dans sa phrase.
Kice (d’un ton dépité) : Compris, prêtresse.
Après le départ, la queue entre les jambes, du professeur, et l’avalanche de bisous de la part de l’Eniripsa qui s’en suivit, Iarys emmena celle-ci à l’intérieur et l’installa confortablement dans un coussin tellement épais, que, de la petite fée, on ne voyait plus que les antennes.
Iarys : Bon alors, cette journée, bien passée ?
Healar (d’un ton boudeur, du fin fond du coussin) : Non, elle était nulle !
Iarys : Allez c’est fini, racontes tout à maman…
Healar (d’un ton maussade) : Ya un grand qui s’est moqué de moi, et il disait que j’étais petite et tout, et que tu étais la catin de Rushu… Dis maman, ça veut dire quoi « catin » ?
Iarys : C’est une insulte, ma chérie… Et… Tu t’es pas laissée faire au moins ?
Healar : Il m’a coincé les bras et il les a tordu jusqu’à ce que je pleure, et puis d’autres grands sont venus et ils m’ont vu pleurer, ils m’ont demandé qui avait fait ça, et ils ont dit que j’était mignonne et ils sont allés casser la figure à l’autre grand, celui qui m’avait frappé.
Iarys : Bien bien… Tout comme cet Eniripsa présomptueux, tout le monde doit savoir qu’on ne frappe pas ma fille. N’aies pas peur, maman est là…
Avec beaucoup de mal, la petite fée sort de son cocon de cuir et de plumes, et se jette dans les bras de sa Xelorette de mère.
Healar (à l’oreille) : Et toi maman ? Ta journée, elle t’a plu ?
Et Iarys se mit à parler de ses problèmes, des Bontariens qui prenaient le contrôle de Pandala, des avantages qu’ils en tiraient, de son mari mort, des désolations, bref, des trucs d’adultes.
Healar l’écoutait avec un sérieux impassible, consciente des soucis de sa mère d’adoption.
Healar (d’un ton très sérieux) : Et t’as jamais envie de pleurer ?
Iarys (d’un ton attristé) : Oh Healar, ma chérie… Je le ferais si je pouvais… Je ne peux pas, je n’ai pas le droit …
Si les plus forts, ceux qui montrent le chemin, se montrent faibles, que doivent penser les moins forts, ceux qui les suivent ? Ils ne sauront plus quoi faire, ils se sentiront perdus et abandonnés… Je n’ai pas ce droit, en tant que grande Prêtresse de Rushu, je dois me montrer forte et solide même si à l’intérieur je suis brisée. Comprends-tu cela ?
Healar : Non.
Iarys : Ecoutes… Imagines toi, si un jour je me mettais à pleurer, si je refusais de bouger, d’aller au temple, parce que je serais triste… Qu’est-ce-que tu ferais ?
Healar (un peu paniquée) : Non maman ! Pleures pas ! Parce que sinon je vais pleurer aussi, et puis je ferais quoi ?
Iarys : Tu vois ma chérie… C’est pour cela que je n’ai pas le droit de pleurer. Toi aussi un jour tu seras très forte… Et ce jour là il te faudra te montrer pleine d’assurance, si tu ne veux pas inquiéter les autres. Même si tu te sens triste… Comme je l’ai fait en rendant le corps de ton père à Rushu… J’avais très envie de pleurer… Même s’il était un Iop encore plus bête que la normale, je l’aimais beaucoup…
A ce moment-là, un cri d’alarme résonna dans tout Brakmar…
On attaquait la ville, et tous les soldats étaient réclamés à l’entrée principale.
Se cramponnant à sa mère, la petite Eniripsa se mit à trembler.
Healar : Maman… J’ai peur… Papa me manque…
Iarys : A moi aussi, il me manque.
Les larmes qui se mirent à couler le long de la joue de la petite fée ne provenaient pas que de ses yeux rouges, ternis par la tristesse et la peur. Mère et fille s’unirent dans un même sanglot de tristesse et de peine, alors que dehors la guerre faisait rage…
Ainsi s’exprimait la grande prêtresse de Rushu en cette sombre journée, après avoir reçu un message par Corbac interposé.
La guerre faisait rage, et l’ouverture du pont menant à une nouvelle île avait attisé la haine entre Bontariens et Brakmariens à son paroxysme, avec son lot d’horreurs quotidiennes, entre massacres d’innocents et saccages de territoires neutres.
Iarys : Non vraiment, c’est une sale journée… Et elle n’est pas finie…
Des nuages plus ténus, plus insidieux, parsemaient en effet les visions de la Xelorette, augurant d’une triste soirée… Son esprit ne savait plus où donner de la tête, entre tous les sujets d’insatisfaction qui se présentaient à elle.
C’est pour cela qu’elle décida de s’occuper des tâches ménagères dans son manoir de Brakmar.
« Une occupation qui ne demande pas beaucoup d’efforts intellectuels et qui empêche de se tourmenter avec d’autres sujets, et puis Healar ne saurait tarder à rentrer de l’école… », se disait-elle.
De fait, elle ne pouvait s’empêcher de ressasser ces maux qui la tourmentaient, et elle offrit un visage décomposé au jeune Eniripsa furibond qui lui ramenait sa fille adoptive en la tirant par les oreilles, visage qui tourna très vite au regard froid et furibond.
Iarys : Puis-je savoir ce qui justifie ce traitement de votre part envers ma fille, maître Kice ?
Kice : Malsoir aussi, prêtresse. Il se passe que votre fille a un comportement intolérable !
Iarys (d’un ton parfaitement froid) : Lâchez d’abord ses oreilles, espèce de monstre, et nous parlerons ensuite.
Après avoir jeté un regard noir à son interlocutrice, Kice relâcha Healar, qui se jeta dans la cape de sa mère adoptive pour y disparaître, hors de vue.
Kice : Je passerai sur ses désertions des cours d’études des soins et ses incitations à la désertion auprès des autres, ainsi que sur les bagarres qu’elle créé autour d’elle, pour mieux m’attarder sur ce qui est le plus choquant : elle a osé me frapper, moi, son professeur attitré chargé de la guider dans l’art des soins, moi qui…
Healar (voix étouffée par le tissu) : Il avait qu’à pas me gifler !
Iarys (d’une voix à faire geler la lave) : Est-ce bien vrai, maître Eniripsa ? Avez-vous frappé ma fille ?
Kice (de la voix de celui qui pense avoir raison) : Oui, et elle le méritait !
Iarys (ton cassant) : Et où ai-je signé pour vous transmettre mes droits de mère ? Je me charge de son éducation, vous n’avez pas à la frapper !
Kice : Vous n’êtes pas …
Le regard que lui adressait la Grande Prêtresse de Rushu le stoppa net dans sa phrase.
Kice (d’un ton dépité) : Compris, prêtresse.
Après le départ, la queue entre les jambes, du professeur, et l’avalanche de bisous de la part de l’Eniripsa qui s’en suivit, Iarys emmena celle-ci à l’intérieur et l’installa confortablement dans un coussin tellement épais, que, de la petite fée, on ne voyait plus que les antennes.
Iarys : Bon alors, cette journée, bien passée ?
Healar (d’un ton boudeur, du fin fond du coussin) : Non, elle était nulle !
Iarys : Allez c’est fini, racontes tout à maman…
Healar (d’un ton maussade) : Ya un grand qui s’est moqué de moi, et il disait que j’étais petite et tout, et que tu étais la catin de Rushu… Dis maman, ça veut dire quoi « catin » ?
Iarys : C’est une insulte, ma chérie… Et… Tu t’es pas laissée faire au moins ?
Healar : Il m’a coincé les bras et il les a tordu jusqu’à ce que je pleure, et puis d’autres grands sont venus et ils m’ont vu pleurer, ils m’ont demandé qui avait fait ça, et ils ont dit que j’était mignonne et ils sont allés casser la figure à l’autre grand, celui qui m’avait frappé.
Iarys : Bien bien… Tout comme cet Eniripsa présomptueux, tout le monde doit savoir qu’on ne frappe pas ma fille. N’aies pas peur, maman est là…
Avec beaucoup de mal, la petite fée sort de son cocon de cuir et de plumes, et se jette dans les bras de sa Xelorette de mère.
Healar (à l’oreille) : Et toi maman ? Ta journée, elle t’a plu ?
Et Iarys se mit à parler de ses problèmes, des Bontariens qui prenaient le contrôle de Pandala, des avantages qu’ils en tiraient, de son mari mort, des désolations, bref, des trucs d’adultes.
Healar l’écoutait avec un sérieux impassible, consciente des soucis de sa mère d’adoption.
Healar (d’un ton très sérieux) : Et t’as jamais envie de pleurer ?
Iarys (d’un ton attristé) : Oh Healar, ma chérie… Je le ferais si je pouvais… Je ne peux pas, je n’ai pas le droit …
Si les plus forts, ceux qui montrent le chemin, se montrent faibles, que doivent penser les moins forts, ceux qui les suivent ? Ils ne sauront plus quoi faire, ils se sentiront perdus et abandonnés… Je n’ai pas ce droit, en tant que grande Prêtresse de Rushu, je dois me montrer forte et solide même si à l’intérieur je suis brisée. Comprends-tu cela ?
Healar : Non.
Iarys : Ecoutes… Imagines toi, si un jour je me mettais à pleurer, si je refusais de bouger, d’aller au temple, parce que je serais triste… Qu’est-ce-que tu ferais ?
Healar (un peu paniquée) : Non maman ! Pleures pas ! Parce que sinon je vais pleurer aussi, et puis je ferais quoi ?
Iarys : Tu vois ma chérie… C’est pour cela que je n’ai pas le droit de pleurer. Toi aussi un jour tu seras très forte… Et ce jour là il te faudra te montrer pleine d’assurance, si tu ne veux pas inquiéter les autres. Même si tu te sens triste… Comme je l’ai fait en rendant le corps de ton père à Rushu… J’avais très envie de pleurer… Même s’il était un Iop encore plus bête que la normale, je l’aimais beaucoup…
A ce moment-là, un cri d’alarme résonna dans tout Brakmar…
On attaquait la ville, et tous les soldats étaient réclamés à l’entrée principale.
Se cramponnant à sa mère, la petite Eniripsa se mit à trembler.
Healar : Maman… J’ai peur… Papa me manque…
Iarys : A moi aussi, il me manque.
Les larmes qui se mirent à couler le long de la joue de la petite fée ne provenaient pas que de ses yeux rouges, ternis par la tristesse et la peur. Mère et fille s’unirent dans un même sanglot de tristesse et de peine, alors que dehors la guerre faisait rage…
Healar- Nombre de messages : 76
Date d'inscription : 23/10/2007
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