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L'enfance d'Healar, partie une : l'adoption

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L'enfance d'Healar, partie une : l'adoption Empty L'enfance d'Healar, partie une : l'adoption

Message  Healar Jeu 25 Oct - 19:58

Iarys exultait. Enfin, son jour de gloire était arrivé !

Prêtresse de Rushu, élue de Xelor pour son intelligence et sa sagesse, propriétaire de nombreux Dofus auxquels elle tient autant que la prunelle de ses yeux, elle avait su patienter et gagner en force tout en progressant dans la hiérarchie religieuse. Et enfin, elle dispose d’un moyen de se mettre sur le devant de la scène ! Le grand prêtre de Rushu n’a qu’à bien se tenir.

Ce n’avait pas été facile de capturer un des grands Archanges, gardiens de Bonta, mais elle et ses fanatiques avaient mené une capture exemplaire, surgissant sans prévenir au beau milieu de la Ville blanche et parvenant à en sortir indemnes, non sans avoir réduit en bouillie tous ceux qui s’étaient dressés sur leur chemin, ramenant une proie de grande importance jusqu’au temple de Gisgoul.

Le sang des Bontariens ne fit qu’un tour, et ils étaient tout une troupe à accueillir le groupe de la prêtresse du seigneur de Brakmar aux portes de Sidimote, mais ils furent vite dispersés, grâce aux dons divinatoires extraordinaires d’Iarys, qui avait prévu leur mouvement et demandé de l’aide en conséquence.
Les quelques espions Bontariens ayant tenté de s’infiltrer jusqu’au temple de Gisgoul, où l’Archange avait été emmené manu militari, furent tous exterminés lorsqu’ils tentèrent de libérer celui-ci par une tentative désespérée, joignant leur sang à celui des nombreuses victimes des sacrifices imposés par les Seigneurs démons. La victoire était totale, et le nom de son héroïne était sur toutes les lèvres Brakmariennes.

Elle ouvrit les yeux, rompant sa communion intérieure. La foule était dense, et des bagarres éclataient régulièrement, comme c’était l’habitude lorsqu’une foule de Brakmariens enthousiastes se réunissaient dans un endroit clos, agrémentant le flot sanguin circulant au sol de quelques dents et de morceaux de chair. La soirée s’annonçait excellente.

La Xelorette se passa la main sur le corps, comme c’était son habitude, tâtant chaque bandelette, s’attardant là où elle avait enroulé ses œufs de dragon, puis, après s’être assurée qu’ils n’avaient pas bougé, les leva vers la voûte du temple, ce qui créa un silence instantanément. D’une voix forte malgré sa petite taille, elle commença son office.

Iarys : Mes frères et sœurs ! Nous voici réunis, en ce jour béni par Rushu, pour célébrer une éclatante victoire des puissants sur les faibles !

Des exclamations sauvages accueillirent cette introduction, et la Xelorette eût un peu plus de mal à retrouver le silence.

Iarys : Nombre de guerriers Bontariens ont péri aujourd’hui, écrases par la supériorité des notres, et nous avons pu capturer un de leurs meneurs ! En échange, nous n’avons perdu que le brave Dunaheir. Prions pour que Rushu daigne le réincarner dans les plus brefs délais.

Elle touche alors successivement son front,, son cœur, puis son ventre, pratiquant ainsi le rituel du Signe caractéristique des disciples de Rushu.
Subjuguée, la foule fait de même en murmurant le nom du valeureux combattant.

Iarys : Ce meneur, cet Archange, je le vois, je le sens… Il vient d’être amené dans le temple, dressez lui une haie d’honneur, et traitez-le comme il le mérite !

Elle éclate d’un rire cruel, et l’assistance créé alors un étroit passage entre l’entrée de la salle et l’autel, passage qui est vite emprunté par un noble Bontarien semblant à bout de forces, encadré par deux Iops aux allures de cerbères.
La cohue suivit l’avancée de l’Archange, qui fût tour à tour touché, frappé, et souillé par des crachats de la foule.
Arrivé devant la prêtresse, il refusa de s’agenouiller malgré la pression de ses deux gardes.
L’officiante reprit la parole :

Iarys : Le voici, l’ennemi, frères et sœurs ! Regardez-le, il est dangereux, ne vous fiez pas à son air abattu, car c’est un sournois ! Regardez-le défier Rushu et sa prêtresse ! Regardez-les mourir, lui et sa bêtise insensée de Bontarien !

Empoignant solidement un long poignard rituel, elle arracha sauvagement le cœur du pauvre soldat angélique encore vivant, qui n’eût pas le temps de maudire son bourreau avant de mourir.
Satisfaite, Iarys jeta le cœur encore palpitant dans un brasero, qu’elle plaça ensuite dans la gueule de la statue de Rushu, sous les vivats de la foule, qui ne tarda pas à s’approprier le cadavre et à le déchiqueter, emportée par une furie inspirée par la sauvagerie de l’instant.


Longtemps après que la foule se soit dissipée, non sans félicitations à l’égard de la prêtresse, un Iop entra dans le temple de Gisgoul, à la recherche de sa femme.
Il la trouva en pleine méditation devant la statue de Rushu, d’où les cendres du cœur volaient. Il s’inquiéta un peu de l’absence de réaction de la Xelorette, et décida de la tirer de sa torpeur.

Pukri : Iarys ? Iarys ? Eh, l’office est fini, ma chérie, il faut partir, maintenant !

Celle-ci ouvrit un œil, puis l’autre, offrit un large sourire à son mari et consentit à lui offrir quelques explications.

Iarys : Ah, Pukri, c’est toi… Bel office, n’est-ce-pas ? Tellement beau que Xelor est venu me féliciter en personne, comme quoi ça lui aurait attiré les faveurs de Rushu. En échange de ses faveurs, il m’a offert une vision somme toute très intéressante. Je me suis vue devenir grande prêtresse de Rushu, assassiner le grand-maître Sériane, et trouver le Dofus qu’il manque à ma collection.

Elle fronce alors légèrement les sourcils, ce qui se traduit chez les Xelors par un chevauchement de plusieurs bandelettes entre les deux yeux.

Iarys : Je me suis aussi vue adopter une très jeune Eniripsa… Mais où vais-je la rencontrer ? Hmmmmm… Je sens un danger autour d’elle… Je vois…

Son visage s’éclaire soudain, et elle se lève comme si elle s’était piquée sur une de ses propres aiguilles.

Iarys : Pukri, direction Sidimote. Nous devons sauver cette Eniripsa, sans quoi le reste de la prophétie ne se réalisera pas, et je n’aurai pas mon Dofus !

Pukri : Et elle ressemble à quoi ta fée ?

Iarys : Elle a des couleurs très caractéristiques, et possède une particularité singulière. Elle peut suinter du sang à partir de ses mains indéfiniment, le régénérant à l’infini.

Ils se mirent alors à courir à vive allure, l’un aidé par son force et sa taille, l’autre par sa maîtrise du temps.


Quelques temps après, dans une clairière entourée d’oliviolets, en pleines landes de Sidimote, nos deux anti-héros se retrouvèrent face à un spectacle pour le moins ahurissant.
En effet, une Eniripsa aux ailes rouges, très jeune, de l’ordre de 4-5 ans, était en train de jouer à esquiver les attaques d’un scorbute, visiblement excédé de ne pas réussir à attraper un tel repas.
La petite fée rigolait en esquivant les puissantes pinces et en frappant de ses petits poings les antennes de la féroce créature, dont la rage ne faisant qu’augmenter.

Bien que bouche bée devant un tel spectacle, la Xelorette se reprit très vite.

Iarys : Qu’attends-tu imbécile ? Vas la sauver ! Si elle trébuche et tombe, adieu mon Dofus !

D’abord renâclant à l’idée d’attaquer un scorbute à mains nues pour sauver une inconnue, il fût très vite motivé lorsque sa femme lui envoya quelques aiguilles dans le derrière.

Après que la créature ait été occise, étouffée par les bras musculeux du Iop, Iarys sortit son couteau rituel et entailla doucement la main de la petite fée, qui hurla de douleur.
Comme c’est le cas chez tout bon Eniripsa, la coupure se referma peu de temps après, et, comme la prêtresse l’avait prédit, le sang se mit à goutter, créant une flaque de sang à partir d’un éclat purpurin pas plus large qu’une piécette.
Peu encline à se laisser faire, l’Eniripsa se mit à se débattre, malgré l’étreinte ferme du Iop.
Avec un sourire triomphant, Iarys annonça l’évidence :

Iarys : C’est elle ! A moi le Dofus et la gloire !

C’est à ce moment-là que des aboiements se firent entendre.

Iarys : Des ouginaks… Je m’en charge, gardes la fée.

En effet, un groupe d’une dizaine d’ouginaks venait de surgir de l’autre bout de la clairière, et fût accueilli par une pluie d’aiguilles enflammées, et le seul ayant réussi à passer outre le déchaînement de la furie de la Xelorette fût tranché en deux par l’épée de Pukri… Ce qui déclencha la colère de sa femme.

Iarys : Mais on ne peut pas te faire confiance ou quoi ? Je t’ai dit de surveiller la gosse ! Où est-elle maintenant ?

Son mari prit un air contrit, et se concentra un peu, offrant à Iarys la vision assez humoristique d’un Iop en pleine observation attentive. Il finit par pointer du doigt la cime d’un oliviolet.
La prêtresse de Rushu s’en approcha en soupirant, et essaya de raisonner la petite.

Iarys : Eh, là-haut ! On est venu te sauver et t’adopter, c’est comme ça que tu nous remercies !

Healar : Vous m’avez fait mal ! Vous êtes méchants avec moi !

Iarys : Tu vois ce sang qui continue de perler de ton doigt ? C’est le signe. Nous devions trouver une Eniripsa qui a ce signe, et il nous fallait vérifier ! Allez, viens me voir, je ne te ferai plus de mal !

Pukri : Pourquoi on s’embête, ma chérie ? Il suffit de couper l’arbre et on la chope et puis voilà !

Iarys : Abruti ! J’ai dit qu’on devait l’adopter, pas la capturer ! On n’adopte pas les gens en les forçant à te tolérer, bougre d’ahuri !

Elle se retourna vers l’arbre, s’efforçant de ne pas s’énerver.

Iarys : Ecoutes ma petite… Tu n’as plus de parents ? Comment t’appelles-tu, d’abord ?

Healar *en boudant un peu* : Je m’appelle Healar.

Iarys : Bien, Healar… Moi, c’est Iarys, prêtresse de Rushu et Xelorette de mon état. Je nous ai vues, lors d’une de mes visions. Tu seras ma fille adoptive et je t’élèverai de mon mieux. Enfin… Je ne sais pas pourquoi je te dis ça.

Healar : Tu as des visions ?

Iarys : Oui. Je te montrerai, et tu seras fascinée.

La jeune fée descend alors de l’arbre en battant des ailes.

Healar : Tu seras ma maman, alors ?

Iarys : Certes… Oui, je crois.

A la surprise générale, l’enfante se jette alors dans les bras de sa future mère adoptive, qui manqua en laisser tomber ses précieux Dofus de surprise, créant ainsi un touchant tableau d’une Eniripsa aux ailes rouges rayonnante de joie, blottie contre une Xelorette ne sachant pas coment réagir, ce qui eût le don de faire rire Pukri.

En le voyant, Iarys reposa doucement la petite au sol, et se tourna vers son compagnon d’un air furieux. Celui-ci, ne disposant pas des dons de voyance de sa femme, mais tout de même habitué à ses crises de colère, se mit à courir, très vite poursuivi par une Xelorette tentant de l’assommer à grands coups de marteau tout en portant la jeune Healar dans l’autre bras.


Et c’est ainsi que commença l’enfance de notre Eniripsa.
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